Gestion du patrimoine et joueurs professionnels : un enjeu à ne pas négliger
CAPFINANCES ACADEMIE I 03/04/2020
Le monde du football draine beaucoup d’argent. Et si la plupart des joueurs profitent de salaires confortables, la durée limitée de leur carrière ne leur assure pas forcément un avenir serein une fois les crampons remisés au placard. Pour s’éviter de grosses désillusions, la gestion du patrimoine est devenue un élément presque incontournable.
L’association d’idées est facile à faire. Lorsqu’on parle football, on évoque souvent les salaires XXL des acteurs du ballon rond. Mais si certains jouissent d’émoluments très confortables leur permettant d’assurer très rapidement leur avenir et celui des leurs, d’autres gagnent bien leur vie, mais ne sont pas assurés de s’y retrouver une fois leur carrière terminée. En moyenne, un joueur de football foule les pelouses entre dix et douze ans. Une donnée très importante, à prendre en compte lorsque l’heure de la retraite sportive aura sonné. Une statistique illustre d’ailleurs parfaitement ces propos : « 60% des sportifs qui sont retraités n’ont pas anticipé leur avenir financier et professionnel »,
Pour s’y préparer au mieux, les moyens sont diverses. C’est là qu’intervient le fameux conseiller en gestion de patrimoine (CGP).
Qu’est-ce qu’un conseiller en gestion de patrimoine ?
Le conseiller en gestion de patrimoine est, par définition, celui ou celle qui va accompagner le sportif pour l’aider à gérer au mieux son présent et son futur financier. Une personne dont la première mission est de dresser le profil de son client. Bien entendu, à l’heure où de nombreux joueurs mettent la gestion de leur carrière entre les mains de leurs proches, être conseiller en gestion de patrimoine ne s’improvise pas.
Quelles sont les missions du CGP ?
Plus les années ont passé, plus le métier de conseiller en gestion de patrimoine est devenu important. « Il y a dix ans, il y en avait vraiment très peu. Les joueurs travaillaient avec leur famille ou alors ils passaient uniquement par la banque. C’était rare de faire appel au CGP ». Face aux sommes de plus en plus importantes en jeu, la cote des CGP est donc montée auprès des joueurs. La raison ? Tout d’abord, parce que cette option offre un suivi personnalisé.
Sans surprise, le volet le plus abordé par les joueurs est celui de la préparation à la retraite. Une préoccupation évidemment liée à “la durée de vie” limitée de leur carrière. Un suivi qui présente également l’avantage d’offrir de multiples solutions (pas uniquement celle de votre banque). En clair, le CGP fait un bilan avec le joueur et en fonction de sa situation, de ses objectifs et de ses flux financiers, le but est d’aller chercher une meilleure solution sur le marché en réalisant des appels d’offres comme le fait par exemple l’UFF depuis sa création. L’idée est ainsi d’avoir plusieurs partenaires permettant ainsi d’intervenir sur l’épargne, les placements financiers, les investissements immobiliers et l’optimisation fiscale du joueur. Il est donc courant qu’une grande partie des CGP travaille avec des sociétés de gestion, des promoteurs, des assureurs et des banques privées.
Quels sont les services proposés ?
Quand le terme gestion de patrimoine est évoqué, certains mots comme l’immobilier ou placements financiers viennent rapidement à l’esprit. Mais gérer le patrimoine d’un joueur, c’est avant tout assurer la base : prévoir les risques. Après avoir assuré ses arrières, le joueur peut alors réfléchir à quel(s) type(s) de placement(s) il souhaite se diriger, en fonction du budget dont il dispose. Une fois cette check-list effectuée, le CGP va alors proposer différentes solutions, dont le but principal est de mettre en place la constitution d’une épargne le plus tôt possible.
Cela peut être la mise en place d’une épargne mensuelle sur un contrat (assurance vie ou autres) pour avoir un pécule durant la carrière en cas de souci et surtout pour l’après-carrière. Ensuite, le choix peut être de diversifier les différents supports d’épargne et travailler après sur l’aspect immobilier pour profiter de l’effet de levier du crédit. Il existe énormément de placements, mais le plus courant reste l’assurance vie. Elle permet de créer une charge fixe au sportif et de verser de l’argent tous les mois plutôt que de laisser leur argent sur des livrets pas très rémunérateurs en termes d’intérêts (type livret A). Elle a plusieurs avantages : bien plus rémunératrice (que les livrets d’épargne classiques), disponible en cas de besoin. On peut y verser l’argent que l’on souhaite (dans la limite des abattements légaux), de plus, elle permet de transmettre un capital à ses proches sans frais de succession (contrairement à l’épargne constituée sur les livrets et comptes courants).
Une gestion identique ou différente pour tous les joueurs ?
Quand un conseiller en gestion de patrimoine gère un portefeuille composé de plusieurs joueurs, sa manière de gérer varie-t-elle en fonction du salaire de chacun de ses clients ? Si les rapports avec ses clients ne changent pas, en revanche, la capacité financière de chacun aura des conséquences sur les options proposées. Enfin, quel pourcentage représente par mois ces investissements sur les finances d’un joueur ? Cela va dépendre de plusieurs facteurs. Tout d’abord, de sa situation familiale. Si c’est une personne qui vit seule ou une personne qui vit en couple avec une personne qui ne travaille pas. Les charges seront différentes. Une fois que le joueur a payé toutes ses charges fixes, il faut également prendre en compte son rythme de vie. Pour les joueurs au salaire modeste, 20% peuvent être consacrés à des investissements. Un pourcentage qui augmente forcément avec des revenus plus conséquents.
Un travail de sensibilisation sur les joueurs
Enfin, l’autre grande mission du conseiller en patrimoine, c’est aussi informer. Car s’ils ont toute latitude pour gérer l’argent de leur client, leur objectif c’est aussi d’expliquer le choix d’un investissement. Un accompagnement qui se fait aussi dès le début des carrières. Un accord qui permet de sensibiliser les joueurs (et leur entourage) à ce sujet dès le plus jeune âge, mais pas seulement.
Source : Foot Mercato – Avril 2020
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